ALBATROS

L’Albatros, entre AIR et EAU, immense et majestueux oiseau, sentinelle des hautes mers, capable de parcourir des milliers de kilomètres sans mettre pied à terre, a inspiré aux artistes une représentation en papier, à taille réelle. Une invitation à mieux connaître et protéger cette espèce extraordinaire.

D’APRES la rencontre entre les artistes Mouawad&Laurier et le chercheur Julien Collet, porteur d’une Chaire de Professeur Junior au CEBC (La Rochelle Université, CNRS)

Laboratoire :

Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC) - UMR 7372 (La Rochelle Université, CNRS)

Remerciements :

Charly Bost (CNRS), Julien Collet (La Rochelle Université), Cécile Ribout (CNRS).

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Paroles d'artistes

« L’idée de l’œuvre Albatros est née progressivement, mais la conversation clé fut la rencontre avec les chercheurs, qui nous ont énuméré toutes les choses exceptionnelles sur cet oiseau : le fait qu’ils soient capables de voyager sur des milliers de kilomètres, pendant des années, sans toucher terre. Les parades nuptiales pour trouver leur partenaire -avec lequel ils restent toute la vie. Leur utilité en tant que sentinelle quand ils aident à détecter les bateaux de pêche illégaux grâce aux balises que les scientifiques placent sur eux pour les étudier, etc.

On souhaite une longue vie au NANOmusée. C’est un format très prometteur et un formidable partage de connaissances qui permet d’amener le Musée dans des lieux reculés, dans des écoles, dans la rue. C’est un chouette outil de démocratisation de l’Art, on adore et on est déjà engagé dans ce mouvement qui, nous pensons, va prendre de plus en plus d’ampleur dans l’avenir. La culture ne doit pas rester enfermée et le NANOmusée est une belle manière de la faire sortir ».

Suivi des populations des grands albatros dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises

Au Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), une équipe de recherche s’intéresse aux prédateurs marins. Etant situées dans la partie supérieure des réseaux alimentaires, ces espèces sont sensibles aux dynamiques des espèces situées dans les niveaux inférieurs. L’étude des prédateurs permet donc de connaitre l’état des écosystèmes auxquels ils appartiennent et de rendre compte de leurs évolutions, aujourd’hui souvent liées aux activités humaines. Parmi les espèces étudiées, une est emblématique des recherches qui se font au CEBC depuis des décennies :  le grand albatros de l’archipel de Crozet (Diomedea exulans).

 

Les études sur les albatros des Terres australes : un patrimoine scientifique

La première campagne sur les grands albatros de l’archipel de Crozet date de 1959. Les 200 albatros bagués lors de ces premiers travaux ont par la suite servi de base pour la mise en place d’un programme de suivi annuel des populations, dès 1965. Le CNRS et le laboratoire de Chizé récupèrent la charge de ces recherches dans les années 1980, sous la houlette du l’Institut polaire Français qui s’occupe de la mise en œuvre technique des missions dans les régions polaires.

Les chercheurs du CEBC peuvent donc s’appuyer sur des données de long terme issues d’un programme de suivi démographique annuel de presque 60 ans. Les équipes ont une très bonne connaissance des colonies de l’archipel de Crozet, à l’image de celle de l’île de la Possession, sur laquelle plus de 15 000 albatros ont été bagués et où tous les individus sont aujourd’hui identifiés. Au cours des décennies, les études sur le grand albatros ont également été pionnières dans l’utilisation de nouvelles technologies de suivi des animaux. A titre d’exemple, à la fin des années 1990, le grand albatros est la première espèce sur laquelle un traçage GPS a été testé.

Les équipe du CEBC poursuivent aujourd’hui ces travaux en envoyant des chercheurs pour des missions de 12 à 14 mois dans les Terres Australes Françaises afin d’assurer la continuité du suivi démographique et de mener tout un tas d’études sur le comportement des grands albatros.

 

Cycle de vie et comportements alimentaires

Le programme de suivi démographique à long terme a permis aux chercheurs d’avoir une bonne connaissance des différentes phases de la vie des grands albatros. En effet, durant sa longue existence, 60 ans en moyenne, ces oiseaux marins passent par différentes étapes : 1) juvénile, le jeune albatros est nourri les 8 à 9 premiers mois de sa vie par ses parents ; 2) immature, il quitte le nid et passe entre 3 à 7 ans en mer sans revenir sur son île natale ; 3) adulte, après que l’albatros se soit reproduit pour la première fois, vers 10 ans ; 4) Les périodes de reproduction, elles induisent des comportements particulier ; 5) la fin de vie, les capacités des grands albatros sont diminuées.

Chaque période de la vie est caractérisée par des comportements alimentaires distincts : des oiseaux d’âges différents ne se nourrissent pas dans les mêmes zones. Connaitre et étudier l’évolution de ces comportements permet de comprendre des évolutions plus générales des écosystèmes. Par exemple, les grands albatros sont très dépendants des vents pour se déplacer, et donc pour trouver leur nourriture. Les chercheurs ont observé que les oiseaux reproducteurs font des voyages alimentaires de plus en plus courts pour nourrir les poussins. Cette évolution est à mettre en lien avec le changement climatique, qui entraine des vents plus forts autour de Crozet, facilitant le déplacement des albatros. Ainsi, en liant les données démographiques et les comportements alimentaires sur un long terme, les albatros sont bien une sentinelle qui permet de rendre compte de changements plus généraux des écosystèmes.

 

Une sentinelle des activités de pêche

Depuis quelques années, les grands albatros font l’objet de nouvelles études. L’une des principales menaces qui pèse sur cette espèce est la pêche qui se pratique dans l’océan Austral. En effet, les bateaux dans cette région du monde utilisent des palangres : de longues lignes sur lesquelles sont attachés des hameçons qui portent des appâts. Les albatros sont attirés et plongent sur ces appâts et se prennent dans les hameçons par la même occasion.

Grâce à une technologie de balises capables de repérer les radars des bateaux, tout en fournissant une localisation GPS, les chercheurs de Chizé ont étudié la distribution et la fréquence des rencontres entre les navires de pêche et les albatros. Par ailleurs, ces travaux ont également permis de détecter les bateaux qui pêchent illégalement, en comparant les zones de détection des radars aux positions des bateaux déclarés officiellement à un système de régulation international (système « AIS »). Ainsi, les études sur le grand albatros revêtent maintenant un intérêt pour les pays qui cherchent à avoir une meilleure connaissance et un meilleur contrôle des pêches dans leurs eaux.  

Lien(s) utile(s) :

http://www.hand-coded.net/